GeMs - Paradis Artificiels - 2x01 by Guitteaud Corinne

Auteur:Guitteaud,Corinne [Guitteaud,Corinne]
La langue: fra
Format: epub
Tags: clonage, imaginaire, clone, romance, post-apocalyptique, science-fiction ; apocalypse, écologie
Éditeur: Voy'el
Publié: 2007-05-31T22:00:00+00:00

« Papa, où il est Gabriel ? »

François, qui commençait à piquer du nez dans son assiette, sursauta et tourna ses yeux rouges de fatigue vers sa fille juchée sur les genoux de sa mère. Il avait travaillé toute la journée à déblayer des grosses pierres sur le chantier et ne rêvait que de détendre ses membres endoloris dans son lit.

« Je ne sais pas, ma petite fée, » répondit-il d’une voix pâteuse. « Ça fait longtemps que je ne l’ai pas vu. »

Cette réponse ne plut pas du tout à Annie. Son visage de poupée se renfrogna, ses yeux immenses lancèrent des éclairs.

« Ce soir, c’est l’anniversaire de Punzel. Il avait promis de raconter son histoire. »

« En ce moment, il est très occupé, » intervint Marie-Anne en lissant les boucles blondes de sa fille. « Mais il fera tout ce qu’il pourra pour venir… »

Annie secoua la tête.

« Il a pas pu oublier Punzel. »

François considéra la peluche installée sur la table, près de son assiette. L’ours ne quittait jamais sa fille qui y tenait comme à la prunelle de ses yeux. Il avait une sale mine, comme si lui aussi se désolait de cette absence. Sa tête paraissait pencher encore plus sur le côté et ses yeux semblaient plus terne. Quant au dessin de sa bouche… François secoua la tête. La fatigue lui jouait des tours. Quand cette boule de poils rapiécée était arrivée, Annie devait avoir trois ans. L’année passée, pour le fameux « anniversaire », Gabriel était effectivement venu pour faire le récit de son étrange découverte. Le GeM avait un don indéniable pour raconter des histoires. Même les parents d’Annie s’étaient laissé captiver. C’était une aventure extraordinaire et l’ours si miteux en devenait le héros improbable. François se demandait d’ailleurs si son histoire ne s’inspirait pas de celle du clone. En tous cas, Annie l’adorait et son caractère affirmé ne lui ferait pas renoncer à son idée.

On frappa à la porte. Il était pourtant tard et ce n’était pas dans les habitudes de la communauté de déranger les voisins au moment du dîner… sauf pour annoncer des catastrophes. Marie-Anne fut plus rapide que son mari pour se lever et se dirigea vers la porte tandis que celui-ci s’essuyait la bouche avec une serviette rugueuse.

« Gaïl est introuvable. Gauvain et Ginny l’ont cherchée partout, » annonça Charles, en entrant. « Cette fois-ci, on est vraiment inquiet. »

François jeta un bref regard à sa fille.

« Gabriel aurait dû venir chez moi ce soir. »

« Aymeric pense qu’ils ont été assez fous pour aller tous les deux à la bibliothèque dont la clone a parlé hier soir. Il se pourrait bien que l’explosion de ce matin les ait surpris… »

Le berger préféra ne pas en dire davantage. François lui fit signe de le suivre dehors. Une fois loin des oreilles d’Annie, il demanda :

« Comment va-t-on faire ? Impossible de commencer les recherches maintenant. Ça serait trop dangereux. Tout est instable, là-bas, un vrai mille-feuilles. Mais s’ils sont coincés là depuis ce matin… blessés.

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